Une histoire qui est intrigante et émouvante assez, c’est celle du ukulélé en France, parcequ’elle semble si anecdotique et est restée si négligée. Dans les années 20-30, la vague avait traversé les Etats-Unis et l’Atlantique jusqu’à nos côtes, où la fabrication d’ukulélés s’était installée. On connait de cette époque les Gelas pour leurs doubles tables célèbres, mais il y eut apparemment bien d’autres marques, peut-être plus de marques que que de fabricants. Grâce aux excellents lecteurs de ce site qui sont gentiment intervenus sur le forum, Nico et Sebastien, j’ai eu le plaisir de découvrir les ukulélés Salabert et je vous invite à partager cette découverte passionante dans la suite.
Nico nous a spontanément présenté son instrument restauré par ses soins, en photo ci dessous:
S’enquerrant d’éventuelles informations qui pourraient compléter celles déjà en sa possession : -instrument qui semble dater des années trente
-Francis Salabert est une grosse maison d’éditions musicales qui fonctionne toujours, je crois, mais qui fabriquait ces ukulélés et quand ?
-Je pense que la table est en épicéa, bien qu’elle soit assez sombre, le manche en acajou, la touche et le chevalet en ébène, la tête est aussi recouverte d’une feuille d’ébène et il y a une ligne de marqueterie qui va du haut de la tête au bas de la touche. Je ne sais pas encore en quoi est la caisse (je mène l’enquète), mais elle a un filet dessus et dessous fait avec une alternance de deux bois, un clair et un foncé : magnifique travail !
Heureusement, ces outils d’internet ne servent pas tout à fait à rien, Sébastien qui possède le même instrument – pas encore restauré – est intervenu avec tout un tas de renseignements passionnants que je vous livre tels quels et – merci Sébastien – en images s’il vous plait:
Celui que je possède a malheureusement subit les injures du temps (rupture à la liaison manche-caisse avec quelques petits dégâts à l’éclisse gauche) mais je ne désespère pas de le restaurer … et lui redonner bientôt de la voix!
La caisse des ukulélés soprano Francis Salabert est la copie conforme de celle des soprano Martin (même forme générale, mêmes longueur, largeur, hauteur). Les seules différences sont la hauteur de la caisse qui reste constante (alors que celle des soprano Martin varie légèrement du talon du manche vers l’extrémité opposée) et le diapason qui est plus court d’environ 12 mm sur le Salabert.
– Le manche semble être en bois fruitier (prunier ou pommier?). Placage en ébène de la tête, touche en ébène avec incrustation en partie médiane d’un filet de bois où alterne un bois clair (érable) et un bois brun rougeatre (paddouk ou palissandre)
– Table en épicéa, fond et éclisses en acajou blond. Les bordures extérieures de la table et du fond sont incrustées d’un filet formé d’une alternance d’érable clair et d’ébène noir. La rosace de la table est de même nature que l’incrustation médiane du manche
– Sillet en os et chevalet en ébène
D’après les rares renseignements que j’ai pu avoir, ces ukuleles étaient commercialisés au tout début des années 20 par la société d’éditions musicale Francis Salabert. Comme le pratiquait déjà Paul Beuscher à l’époque, je pense que ces instruments étaient fabriqués par des sous traitants luthiers de la région de Mirecourt.
Le choix des matériaux ainsi que le soin apporté au montage font de ces ukuleles , à mon avis, des instruments de grande qualité.
Pour la qualité Nico confirmait plus haut, ajoutant que le son était à la fois puissant et chaud.
On dit qu’on a les lecteurs qu’on mérite, je crois que j’ai beaucoup plus de chance que ça, I’m not worthy I’m not worthy !
Je terminerai en remerciant encore Sebastien et Nico pour la gentillesse et l’empressement qu’ils ont mis à partager leurs beaux ukulélés et leurs connaissances ; et bien sûr si vous avez des choses à ajouter sur les ukulélés Salabert, n’hésitez pas à le faire savoir !
**applause**
**applause**
Comme ils sont beaux ces ukes, les touches avec incrustations sont splendides.
On dirait que le deuxième a des chevilles en guise de mécaniques, est ce répendu chez les ukuleles anciens, et surtout est ce efficace? (c’est parce que j’essaie de faire des kujulele comme l’excellent Voudi)
Enfin, Nico et Sébastien, quand vous avez trouvés ces perles en brocante, vous les avez eu pour combien?
En tout cas, merci parce que je vais rever toute la journée
@ plus
Pour répondre aux interrogations d’agibull, les chevilles que l’on peut voir sur les photos ne sont pas d’origine! Cependant je pense que cet ukulele avait bien au départ des chevilles en bois (style violon ou apparenté)) et non un système mécanique. Sur les faces avant et arrière de la tête du manche on ne voie pas les traces qui auraient dû être normalement laissées avec le temps par les rondelles d’appui, par exemple, d’un quelconque système mécanique de tension des cordes. Les quatres trous de la tête présentent également une conicité compatible avec la conicité des chevilles en bois. Sur la tranche des trous on constate également des traces de friction de bois contre bois.
A ma connaissance sur les ukulele des années 1910-1925 les chevilles en bois (ébène, palissandre, buis) et parfois même en ivoire (pour les modèles les plus luxieux) etaient un système de tension de corde des plus courant. Même les soprano Martin de la première génération étaient équipés de chevilles en ébène! Ce n’est qu’un peu plus tard que les systèmes mécaniques sont devenus prépondérant. La tension des cordes avec des chevilles bois marche très bien à condition en particulier de respecter la même conicité entre la cheville et le trou (voir à ce sujet l’excellent article pratique du luthier américain Frank Ford dans le numéro 1 de la revue Ukulele Occasional). Pour éviter que les chevilles bois ne se dérèglent trop facilement on peut améliorer leur tenue en les frottant avec du collophane ou même de la bougie. Cependant il faut reconnaitre que les systèmes mécaniques restent quand même plus facile et agréable d’emploi.
Pour la seconde question, disons quelques dizaines d’euros.
Pour répondre aux interrogations d’agibull, les chevilles que l’on peut voir sur les photos ne sont pas d’origine! Cependant je pense que cet ukulele avait bien au départ des chevilles en bois (style violon ou apparenté)) et non un système mécanique. Sur les faces avant et arrière de la tête du manche on ne voie pas les traces qui auraient dû être normalement laissées avec le temps par les rondelles d’appui, par exemple, d’un quelconque système mécanique de tension des cordes. Les quatres trous de la tête présentent également une conicité compatible avec la conicité des chevilles en bois. Sur la tranche des trous on constate également des traces de friction de bois contre bois.
A ma connaissance sur les ukulele des années 1910-1925 les chevilles en bois (ébène, palissandre, buis) et parfois même en ivoire (pour les modèles les plus luxieux) etaient un système de tension de corde des plus courant. Même les soprano Martin de la première génération étaient équipés de chevilles en ébène! Ce n’est qu’un peu plus tard que les systèmes mécaniques sont devenus prépondérant. La tension des cordes avec des chevilles bois marche très bien à condition en particulier de respecter la même conicité entre la cheville et le trou (voir à ce sujet l’excellent article pratique du luthier américain Frank Ford dans le numéro 1 de la revue Ukulele Occasional). Pour éviter que les chevilles bois ne se dérèglent trop facilement on peut améliorer leur tenue en les frottant avec du collophane ou même de la bougie. Cependant il faut reconnaitre que les systèmes mécaniques restent quand même plus facile et agréable d’emploi.
Pour la seconde question, disons quelques dizaines d’euros.
Do you know what these ukulele are worth? This one was my husbands grandmothers. It was played a lot it seems from the wear. It has original wood pegs too.
It’s an ok vintage ukulele, not the best sound and playability wise, but a collectible item nevertheless.