Le DVD circulait depuis quelques années dans les salons de quelques timbrés de l’histoire de l’ukulélé français, la partition fût retrouvée par Cyril LeFebvre, mais le grand public ne se doutait pas avant ces jours de découverte d’extraits sur Youtube que la gouailleuse Arletty gratta l’ukulélé devant les cameras. Nous vous l’accordons c’est un accessoire qu’elle utilise sans nous convaincre d’un grand amour pour l’instrument, un support de mise en scène pour appuyer l’effet de romance exotique qui culmine à ce moment du film, lorsqu’elle chante « Je crois qu’c’est arrivé ».
Il sagit de « l’Amant de Borneo », nous sommes en 1942 : la « môme de courbevoie » est une star de 43 ans en pleine idylle avec un jeune officier allemand qui lui vaudra à la libération quelques semaines à l’ombre et l’interdiction de tourner jusqu’en 1946 ; le film adaptée d’une pièce de boulevard met en scène un poussiéreux libraire de province qui tente de séduire Stella Losange, vedette de music-hall. Se faisant passer pour un riche aventurier, il décore une villa de banlieue d’un bric-à-brac exotique acheté au Bazar de l’Hôtel de Ville, un serviteur noir aux longs cheveux gominés à la Sol Hoʻopiʻi, quelques animaux de cirque ou empaillés, des affabulations géographiques prononcées de l’ aigrelette voix de nez de Jean Tissier : voici de quoi faire rêver la gouailleuse Stella d’un tour du monde en pantalon de cheval et badine à la main….
Quelques brillants seconds couteaux du cinéma de l’époque, Pauline Carton et Pierre Larquay ne suffisent pas à faire décoller cette comédie poussive réalisée à peu de frais par un fils de dramaturge et un monteur (à noter qu’il exista une version 70’s de Pierre Sabagh dans le mythique « Au theatre ce soir » avec le génial Michel Roux).
Mais la séquence culte est là, faisant briller le nom d’Arletty dans le modeste Hall of Fame de l’ukulélé français aux cotés de Josephine Baker (Zouzou, 1934), de Maurice Chevalier, ambassadeur des ukulélés Salabert ou d’Edith Piaf qui gratte le kélélé quand elle est triste….
L’image d’Arletty jouant l’ukulélé est reprise sur l’affiche, bien sur la partition du morceau ainsi que sur une belle photo de tournage, le uke est un Columbian-ukulélé façonné à Mirecourt, dont la photographie illustre les pages de la première méthode d’ukulélé de Léo Laurent, authentifié par Philippe Gemgembre, spécialiste des fabrications d’ukulélés français de cette période.
Pour la voir gratter, faut quand même avoir de bons yeux.
Mais l’ukulélé est là, y a rien à dire. Et quel sourire…
Délicieux ! Merci Tramber !
Oooops… Mahalo Emile !
Excellent papier! Merci mon Oncle!